Les transformateurs de l’ancienne ZUP deviennent des œuvres d’art
À travers le quartier du Nouveau Mons.
Les vieux postes électriques du Nouveau Mons, à l’initiative d’Enedis et de la mairie, ont été revus et embellis par Bruno Desplanques, un peintre-plasticien roubaisien.
À la fin des années 1960, les immeubles sortent de terre comme des champignons pour constituer la partie la plus récente de ce que l’on appelle désormais « le Nouveau Mons ». Ils sont destinés à loger des milliers de personnes. Il faut alimenter tous ces nouveaux appartements en électricité.
Des transformateurs destinés à modifier le courant haute-tension de 20 000 V en 230 V, utilisable directement dans la vie quotidienne, vont fleurir un peu partout. Ils ont été dessinés par l’architecte Henri Chomette – le concepteur du lieu – selon une forme très particulière. Ils sont constitués d’énormes pétales de béton évoquant un végétal ou un diamant.
C’est peut-être la raison pour laquelle Enedis et la mairie ont baptisé l’opération de rénovation par l’art de ces transformateurs, « ArtiShows ». Ces postes électriques ainsi relookés par Bruno Desplanques vont contribuer à l’amélioration durable du cadre de vie des habitants. « Je ne voulais pas dénaturer l’œuvre de départ », explique l’artiste « seulement la transformer en quelque chose de nouveau et d’attractif. »
Il a imaginé combler les interstices entre les plaques de béton avec des pièces en lave de Volvic, décorées de céramique. Comme il n’y avait pas un seul de ces espaces qui soit identique à un autre, il a dû les reproduire soigneusement sur des « patrons » afin de les envoyer à l’entreprise auvergnate. Ainsi, elle a pu découper la lave aux dimensions exactes. Puis, il a fallu peindre et cuire les pièces… « J’ai essayé de traduire l’énergie qui se trouve à l’intérieur avec des motifs décoratifs qui sont de l’ordre du vital », poursuit l’artiste.
Ce « show » des huit postes électriques a aussi été l’occasion d’une marche à travers le Nouveau Mons, pour Rudy Elegeest, le maire de la commune – accompagné de deux adjoints –, ainsi que Stéphane Laignez, délégué territorial Grand Lille d’Enedis et un groupe de « marcheuses » qui à travers leurs déambulations réfléchissent aux améliorations qu’il est possible de mettre en œuvre dans les quartiers. La fée électricité à défaut de château enchanté habite désormais de magnifiques pavillons décorés, qui embellissent le paysage urbain. A.C. (CLP)
Bruno Desplanques, artiste roubaisien, connu à l’international
Bruno Desplanques a remporté le premier appel d’offres concernant la valorisation artistique des trois premiers postes électriques du Nouveau Mons. Il a continué le travail lors des deux tranches suivantes. Cet artiste, formé à l’école des beaux-arts de Paris a exposé dans différentes villes françaises et étrangères. Naturellement, il a aussi présenté ses œuvres dans la Région… au Louvre-Lens mais aussi au musée de la Piscine de Roubaix qui se trouve à deux pas de son atelier.
Sa marque de fabrique passe par une fracturation de l’espace et une inspiration puisée dans la nature. « Je m’intéresse aux couleurs, à leur juxtaposition, à leur capacité naturelle à reproduire les éléments, les effets de l’eau, de l’air, de la lumière sur le végétal, le minéral », explique-t-il. « Comme un jardinier, je taille, je plante, j’éclaircis, je fais des coupes sombres, des coupes claires… Comme un paysagiste je compose, je crée des trouées, des contre-jours, des perspectives… »