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Une suite d'articles d'Alain Cadet parus dans la Voix du Nord fin août et début septembre 2017

Naissance de la ville nouvelle : Un accouchement difficile pour la première tranche (1)

Alors que, dès 1948, la ville avait décidé le principe de la construction d’un groupe de logements dans le quartier des Sarts, trois ans plus tard, elle n’avait guère avancé. Il lui faudra démontrer beaucoup d’opiniâtreté et de savoir-faire pour qu’une première tranche de 175 logements (sur 700 prévus) soit mise en chantier dans les années 1953 – 1954.

« Après des années d’attente, des montagnes de projets, d’avant-projets, de reproches, de lettres échangées avec les différentes administrations, nous sommes aujourd’hui en mesure d’affirmer que la réalisation de ce vaste projet n’est plus qu’une question de jours » écrit Nord-Eclair, le 29 janvier 1953. Le journaliste, auteur de ces lignes, Henri Jolibois, n’a pas eu à chercher très loin pour obtenir des informations de première main. Il est le fils de de l’ancien Secrétaire Général de la mairie de Mons. Cette première tranche, le tout premier quartier du Nouveau Mons, est incluse dans un périmètre déterminé par les rues Parmentier, Jean-Jacques Rousseau, Jean-Jaurès, et le boulevard du Général Leclerc. 


Depuis le 5 juin 1948, date de la décision, le projet avait dû se heurter à toutes sortes de difficultés. Si l’acquisition du terrain principal d’une superficie de 15 ha appartenant au Centre Hospitalier Régional - hormis la question du prix – put se faire facilement, la cession amiable des terrains complémentaires demanda d’âpres discussions. Par-dessus tout, le conseil municipal et, singulièrement, son premier adjoint Félix Peltier qui, le maire étant malade, avait pris le projet en main, découvrirent les charmes des relations compliquées avec les services d’urbanisme du département et de l’État. L’implantation du programme, le type de logements qu’il convenait de choisir étaient très surveillés par le Ministère. Le point de friction le plus chaud fut sans doute la désignation de l’architecte. La Ville avait nommé son propre architecte-urbaniste, M. Collet de Cantelou qui, dès décembre 1951, lui présentait son plan d’aménagement. Mais Théodore Leveau, le chef du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme ne l’entendait pas de cette oreille. Il exige un professionnel agréé par ses services et désigne Henri Chomette, architecte à Paris. 

La commune, bonne fille, réserve le meilleur accueil au nouveau venu. D’ailleurs, elle n’a pas vraiment le choix. Elle vient de faire un emprunt de 58 millions de francs – il est vrai réparti sur deux ans – alors que le budget communal se oscille entre 35 et 40 millions par an. « Monsieur Pelletier, par lettre du 23 novembre dernier [1952] adressait à Monsieur Chomette une question angoissée dont la réponse pouvait être lourde de conséquences », témoigne Henri Jolibois. « Pouvez-vous nous produire ces plans ? Sinon en fin d’année pour le 15 janvier au plus tard ? »

Le « plan de masse » d’Henri Chomette parviendra à la mairie le 14 janvier, la veille de la date de clôture du budget municipal. Cette date passée, le programme aurait été repoussé sine die. Les travaux commencèrent le 1er septembre 1953

L’après-guerre coïncide avec une politique ambitieuse du logement social

La paix revenue, en 1945, plusieurs raisons vont conduire l’État à mettre en place une politique ambitieuse de la construction dont le moteur sera logement social. La commune en est la parfaite illustration.


Au XIXe siècle, déjà, surgissent quelques exemples sporadiques de  programmes sociaux permettant aux plus modestes de trouver un toit. Mais, c’est surtout au début du XXe qu’ils vont se généraliser. Avant la première guerre mondiale, vont éclore les sociétés anonymes d’Habitations à Bon Marché (HBM). Leurs programmes sont, en général, financés par les patrons qui se préoccupent des conditions de vie de leurs ouvriers. Mais, c’est après-guerre, avec la « loi Loucheur » (le ministre du Travail et de la Prévoyance, député socialiste du Nord, 1928) que le logement social devient une véritable politique publique. Les HBM vont connaître un essor sans précédent. À titre d’exemple, les rues Parmentier, de l’An 40 ou encore le boulevard du Maréchal Leclerc, qui datent du début des années 30, vont profiter de ce financement.

Après la seconde guerre mondiale, la situation est catastrophique. Dans une France en ruine, beaucoup de villes sont à reconstruire. Les quartiers populaires sont surpeuplés. Leurs habitants s’entassent dans des logements bien souvent insalubres. Ce qui, hier était admis, devient un problème qu’il est urgent de résoudre Les idées nouvelles du Conseil National de la Résistance qui vont conduire à la mise en place de la Sécurité Sociale s’appliquent aussi au logement. 

Ainsi la loi dite « de 48 » va encadrer la remise à niveau des loyers et l’amélioration du patrimoine ancien. Différentes initiatives sont prises pour développer le secteur du bâtiment. La situation a tendance à s’améliorer. En 1950, avec le « Fonds National pour l’Amélioration de l’Habitat », les primes et prêts à long terme du Crédit Foncier vont faciliter l’accession à la propriété et la construction de logements. Cette même année, les HBM deviennent HLM (Habitations à Loyer Modéré). Toutes les conditions sont réunies pour permettre un développement sans précédent du logement social.



Ville Nouvelle : Tribulations d'un " architecte parisien " (2)

Le paysage monsois doit beaucoup à l’architecte Henri Chomette.

Alors que le projet de construction d’un nouveau quartier monsois est oublié depuis trois ans  dans les cartons, l’architecte-urbaniste Henri Chomette est désigné pour coordonner le programme.  Le début d’un bail de plus de vingt ans avec cette ville qu’il allait totalement transformer. 

Bien que le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme présente Henri Chomette comme un architecte parisien, celui-ci a derrière lui une grande carrière internationale. Il est l’architecte en chef de la ville d’Addis-Abeba et a construit beaucoup de grands bâtiments publics ou privés sur le continent africain.

Cette arrivée dans le Nord, sorte de Bienvenue chez les Ch’tis avant l’heure, il l’a racontée, non sans un certain humour, dans une conférence donnée en 1994 à l’école d’architecture de Lille. « Quand le maire de Mons-en-Barœul, Félix Peltier, demande l’aide du Ministère, sa commune est encore rurale. Les Lillois achètent le lait des vaches qui paissent dans les prés. Il voit avec grande inquiétude sa commune se muter en banlieue. Les terrains se vendent au hasard des besoins d’argent des fermiers. D’innombrables demandes de terrains à bâtir s’accumulent en mairie. Après quelques mois, le maire me confie l’étude du développement de sa ville. Il fallut faire face à la demande et construire la ville à la campagne ». On lui pardonnera volontiers d’avoir anticipé de quelques années la nomination de Félix Peltier comme maire (1957). Au moment des faits, Alphonse Gayet, quoique malade, était toujours le premier magistrat de la commune.

Une œuvre durable

Le courant passe immédiatement entre Henri Chomette et Félix Peltier, le premier adjoint. Leur collaboration se révélera très fructueuse. Henri Chomette est sensible au bon sens des élus de l’époque et va s’efforcer de développer un projet qui leur ressemble. « On a commencé en 1954, par le quartier des Sarts, poursuit-il (en réalité le projet a débuté en 1953). Vous y trouverez l’abaissement des hauteurs vers l’individu, les unités de voisinage secondaires, la pluralité sociale. Mons-en-Barœul a engagé son développement avec les simples moyens d’une petite commune et d’un architecte, avec sous ses ordres des petites et moyennes entreprises. Mais les compagnons et les petits entrepreneurs ont été réduits au chômage par l’industrialisation du bâtiment. »

Malgré la pression du ministère qui demandait aux architectes et à la maîtrise d’œuvre de produire à moindres coûts, ces maisons sont construites à l’ancienne avec des entreprises locales attachées au travail bien fait.

C’est sans doute pour cette raison, qu’après 65 ans d’existence, elles n’ont guère bougé dans le temps. Cette première réalisation sera en grande partie dupliquée dans les territoires situés au sud de l’avenue Robert-Schuman, à l’est et à l’ouest de cette première tranche, donnant une certaine unité à ce quartier des Sarts alors bien élargi. A. C. ( CLP)

Urbaniste et architecte 

Henri Chomette a été délégué pour dessiner le « plan de masse » et imaginer la « maison type » du tout premier quartier des Sarts inauguré en 1954. Puis, il en fera de même pour les terrains avoisinants qui, cette fois, vont comporter un certain nombre d’immeubles collectifs. Il sera aussi l’urbaniste de cette grande ZUP (zone à urbaniser en priorité) initiée dans les années 1959 et 1960.

Derrière le Henri Chomette urbaniste, l’architecte n’était jamais très loin. C’est ainsi qu’il dessina lui-même l’immeuble des « Tours jumelles » et la Résidence de L’Europe, devenues le symbole du paysage monsois. Il imagine aussi – peut-être une réminiscence de ses séjours africains – une curieuse pyramide qui deviendra la chaufferie centrale de la ZUP et dessert plus de 5 000 logements. Il s’agit du seul bâtiment répertorié comme monument historique de la commune.

Elle a été construite en 1968 et constitue un témoignage important de la réflexion sur l’esthétique industrielle menée à cette époque. Elle a été réformée depuis peu, mais conservée dans le paysage. La nouvelle construction, mise en service en 2015, rappelle par son esthétique sa grande sœur.





Ville Nouvelle : Le parcours du combattant pour les élus (3)


Inauguration du quartier des Sarts en 1954 par les élus monsois.

La construction de la Ville Nouvelle a été l’objet de luttes intenses au sommet de l’État. Les élus monsois n’ont pas été épargnés par les tracas administratifs. Ils ont été obligés de mener de front d’importants chantiers. 

Quand les élus monsois, le 5 juin 1948, approuvent le principe de la construction d’un nouveau groupe de logements, entre les rues Jean-Jacques Rousseau et Jean-Jaurès, ils n’ont peut-être pas conscience de ce qui va suivre. Lille, la ville voisine, à l’étroit dans son territoire, met la pression sur la petite commune rurale tandis que le puissant Ministère de la Rénovation Urbaine (MRU) motive les élus à participer à l’effort de reconstruction.

Mons n’est pas la seule dans ce cas. Ses voisines, les villages à l’origine de Villneuve-d’Ascq, Marcq-en-Barœul, Hellemmes, Ronchin sont déjà impliqués dans des programmes de reconstruction. Début 1953, Mons est en retard. Dès 1948, la commune avait acquis une partie des terrains de la zone concernée, amis ses moyens étaient insuffisants. Fin 1951, elle s’appuie sur une loi de 1919 qui autorisait les communes « à acquérir des terrains, à les lotir, les revendre à des travailleurs ou des personnes peu fortunées ». L’année suivante, elle achète au CHR de Lille un terrain de 15 ha. Le prix de l’opération (58 millions de francs) représente une fois et demi son budget annuel.

Besoin de financements

Quand, les tracasseries administratives du MRU manquent de faire capoter le projet, Felix Peltier, le premier adjoint (qui coordonnait le dossier) est au bord de la crise d’apoplexie. Si cette affaire n’avait pas eu, in extremis, une issue heureuse, la commune aurait dû s’acquitter pour l’année 1953 d’une somme dépassant 7 millions de francs (correspondant à l’annuité remboursable), et augmenter d’autant les impôts fonciers.

Si la gestion d’un gros bourg rural était un exercice plutôt tranquille, celle d’une ville en pleine expansion demandait d’incessants travaux d’Hercule : construction du premier stade de football, augmentation de la capacité d’accueil des écoles du secteur, élargissement ou réfection complète des voiries. À chaque fois, la note est salée, et il faut trouver les financements.

Et le prix d’accession à la propriété, bas pour l’époque (entre 2 000 et 4 000 francs par mois), reste tout de même inaccessible pour beaucoup de familles. La municipalité aide alors à la création « d’une caisse ouvrière ». Elle garantit un intérêt annuel de 3 % à tout investisseur qui apporterait des capitaux à cette caisse.

Les édiles municipaux devaient avoir pris goût à cette vie trépidante. Le 27 novembre 1959, ils décident de créer une ZUP (zone à urbaniser en priorité) sur la plaine de Mons, un projet encore beaucoup plus ambitieux que le précédent. 
A. C. (CLP)

Le projet de fusion avorté 

Au début des années 1970, on termine les derniers immeubles et tout devrait être calme. Á cette époque, Jacques Chaban-Delmas est le Premier ministre du président Georges Pompidou. Mais voici que le 16 juillet 1971, son gouvernement fait voter un texte de loi qui encourage la fusion et le regroupement des communes. C’était le coup d’envoi d’une période très animée.

On notera que ce texte avait été voté par un gouvernement conservateur (de la même couleur politique que les municipalités monsoise et villeneuvoise). À l’inverse, les députés socialistes et communistes avaient voté contre. Une fois le décret d’application publié, le maire de Lille, Augustin Laurent, rend public, le 26 février 1972, un projet de fusion, où Lille engloberait les communes d’Hellemmes, Ronchin, Villeneuve-d’Ascq et Mons-en-Barœul.

De son côté Victor Provo, le maire de Roubaix suggère un regroupement, où il annexerait Flers-Breucq (appartenant à Villeneuve-d’Ascq). On notera qu’Augustin Laurent comme Victor Provo sont socialistes. Le parti communiste fait part de son « étonnement de l’initiative du maire de Lille qui applique une loi combattue au parlement par les groupes socialistes et communistes ». Les maires néogaullistes des communes visées s’insurgent. « C’est la Pologne de 1939 », éructe Jean Démarest, le maire de Villeneuve-d’Ascq tandis que Raymond Verrue, de Mons-en-Barœul, déclare : « Il s’agit de la vie ou de la mort d’une commune ».


Les vues de Pierre Mauroy

Échaudés par un accueil aussi glacial, les Lillois temporisent. Mais le 2 juillet 1976, le nouveau maire, Pierre Mauroy, dépose un projet qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de 1972. « L’exiguïté du territoire est une préoccupation constante, déclare-t-il. La ville a besoin de se développer et de retrouver une population qui l’a quittée et qui pourrait s’installer à sa périphérie. » Il est indéniable que Lille est passée de 220 000 habitants en 1901, à 177 000 en 1975.

Si Hellemmes sera cette fois sensible aux sirènes lilloises, pour Ronchin, Villeneuve-d’Ascq et Mons-en-Barœul, ce sera un non franc et massif.



Le plan masse d'Henri Chomette


Les années 1950 et la naissance de la ville : La chapelle Saint-Jean-Bosco (4)  

La première chapelle Dom-Bosco, bâtiment en bois recouvert de crépi de ciment, et son campanile en briques.


Après guerre, Mons se développe. Le Bas de Mons, séparé du reste de la ville, va s’intégrer dans la continuité urbaine. La revendication des paroissiens d’y construire une nouvelle église se concrétise. 

Avant guerre, les paroissiens du quartier de l’An-Quarante avaient le choix entre Saint-Pierre, au centre du village, Saint-Sacrement à Fives ou Saint-Denis à Hellemmes. Trois églises distantes de plusieurs kilomètres.

Les habitants de ce quartier, éloignés de toute église, s’habituaient à être privés de culte et d’instruction religieuse. Ils n’avaient pas attendu le premier programme d’urbanisation (entre les rues Jean-Jaurès et Jean-Jacques Rousseau) pour revendiquer leur autonomie cultuelle.

Mais le nouveau développement en cours leur fournissait un argument supplémentaire. Un article de Nord Éclair, du tout début des années 1950, résume leur état d’esprit : « Les quelque 2 000 habitants de ce quartier, éloignés de toute église, s’habituaient pour la plupart à être privés de culte et d’instruction religieuse. Il y avait lieu de porter remède à ce regrettable état moral dans lequel ils ne pouvaient rester. Des amis charitables, qui ont voulu conserver l’anonymat, ont décidé de pallier une telle carence et, généreusement, se sont mis à l’œuvre. »
Les demandes faites à l’évêché pour l’édification d’une nouvelle église sont régulièrement renouvelées tandis que, chaque dimanche matin, les paroissiens se réunissent pour une messe dans une maison particulière de la rue du Becquerel.

La décision de l’évêché de créer une nouvelle église au bout de la rue de l’An-Quarante est très bien accueillie. Dans le premier semestre de l’année 1953, le bâtiment est édifié dans un temps record. « Quoi qu’il s’agisse d’une simple chapelle de quartier, il a fallu cependant amener 20 tonnes de matériaux », commente Nord Éclair début août. « La partie bois a été importée d’Autriche. Les panneaux préfabriqués permettent, par un ajustage parfait, de s’imbriquer les uns dans les autres en dix minutes de travail. »

L’édifice est composé d’un campanile, « en bonnes briques du Nord » tandis que le bâtiment principal, en bois autrichien, a été recouvert d’un crépi de ciment… dans la bonne tradition locale.

Le dimanche 6 septembre 1953, la nouvelle chapelle, dédiée à Saint-Jean-Bosco, est inaugurée. La messe est prononcée par M gr Dupont, évêque auxiliaire du diocèse de Lille. On s’aperçoit très vite que ses dimensions modestes ne suffiront pas à répondre aux besoins de la population du Bas de Mons. Le projet de construire une nouvelle église prend corps. La chapelle Saint-Jean-Bosco puis l’église éponyme deviennent le lieu de culte de référence des habitants du Nouveau Mons.

L’église Saint-Jean-Bosco 

La nouvelle église sera édifiée en 1963 et 1964. L’ancienne chapelle en bois sera conservée comme salle de réunion. Le campanile sera mis à bas. Malgré tout, le clocher de la nouvelle église gardera un air de ressemblance avec le précédent.

Ce bâtiment, qui fait partie du programme d’urbanisme de la ville nouvelle peut bénéficier d’une partie de son financement et peut afficher un projet plus ambitieux que du temps de la première chapelle.

Un projet moderniste

Le projet, confié à l’architecte Jean Willerval, est résolument moderniste. Si le dessin du bâtiment s’inspire de la tente du seigneur, il respecte aussi les standards de l’architecture contemporaine.

L’église est consacrée le 22 mars 1964 par le cardinal Liénart, évêque de Lille. La nouvelle église est plébiscitée par les paroissiens du nouveau Mons, même si certaines finitions restent à terminer.

Le 29 novembre 1973, dans des circonstances non élucidées, un incendie ravage l’édifice. La toiture, les plafonds, le mobilier, sont calcinés. Les dégâts sont considérables.


Les travaux de remise en état, initiés au début de 1974, vont prendre un an et demi, avant que l’on n’y prononce une première messe, en juin 1975.

Remise en service

Le 14 février 1976, Monseigneur Gand, évêque de Lille prononce la messe, et indique par sa présence la remise en service de l’église.

Tandis que Saint-Pierre est l’église du Mons historique, Saint-Jean Bosco est le lieu de culte principal des habitants de la ville nouvelle.



Ville Nouvelle : Quand les Sarts préfiguraient le Nouveau Mons (5)  


Suite et fin de notre série sur la naissance de la Ville Nouvelle, avec la construction du quartier des Sarts, où s’installeront, dès les années 1950, 3 000 nouveaux habitants. Ce lotissement  faisait la part belle à l’habitat individuel, et prévoyait également deux immeubles collectifs. 

Le programme initial a préfiguré la construction d’un vaste ensemble qui va voir le tissu urbain conquérir un large espace rural entre le bas du Mons « historique » au sud, et, au nord, par la limite fixée par l’avenue Émile-Zola prolongée (l’actuelle avenue Robert-Schumann). Quelques 3 000 nouveaux habitants vont venir ainsi s’installer dans la commune.


La démolition du stade Jules-Lemaître-Virnot laisse la place aux nouvelles constructions (ci-dessus). Le même paysage, en 1960, avec son habitat pavillonnaire et son immeuble collectif (ci-dessous).


Au début des années 1960, les derniers immeubles rejoignaient les premières constructions de la ZUP. 

Dans son article du 30 juin 1954 consacré à l’inauguration du nouveau lotissement des Sarts, Henri Jolibois, journaliste à Nord-Eclair et enfant de la commune, exulte. Pour lui, les trois jours de fêtes qui ont marqué l’inauguration de ce quartier des Sarts étaient la preuve que la population approuvait la politique du logement dans la commune. Politique mise en œuvre par une municipalité soucieuse de trouver une solution à ce grave problème, surtout après les destructions de la Seconde Guerre mondiale.

Une première tranche de 175 maisons appelle la suivante car le projet global prévoyait la réalisation de 700 logements (dont 500 maisons individuelles). La suite sera mise en chantier dans la foulée. D’ailleurs, à l’issue d’une première inauguration, l’assemblée se rend à l’emplacement du futur immeuble collectif de la seconde tranche pour poser la première pierre !



Le Losc cède un stade

Ce nouveau projet consiste à investir les territoires constructibles situés à l’ouest de la rue Jean-Jacques-Rousseau, jusqu’aux limites de Lille, et bordés, au nord, par les avenues Zola et Acacia et, au sud, par le boulevard du Maréchal-Leclerc. Ce projet était devenu possible car le LOSC qui possédait deux stades (Jules Lemaire et Grimonprez Jooris) était désireux de se débarrasser du plus petit et plus ancien, situé sur la commune. Il occupait un quadrilatère (rue Jean-Jacques Rousseau, avenues Sainte-Cécile et Virnot et boulevard du Maréchal-Leclerc) : une belle parcelle qui valait son prix. Mais cela n’effrayait nullement la Ville, devenue experte dans le financement de travaux. Ce nouveau lotissement faisait encore la part belle à l’habitat individuel mais prévoyait deux immeubles collectifs.

La Zup, une autre histoire

Le programme suivant visait l’ouest de la rue Jean-Jaurès. Au début des années 1960, les derniers immeubles rejoignaient les premières constructions prévues par le nouveau plan de masse de la ZUP (zone à urbaniser en priorité) d’Henri Chomette.

Ces dernières étaient plus hautes, voire très hautes, lorsque le maître d’ouvrage, pressé par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, rajoutait quelques étages non prévus par l’architecte pour rentabiliser l’espace ! Mais cette construction de la ZUP est une autre histoire… A. C. ( CLP)

Le stade Virnot

Avant 1940, l’un des hauts lieux du football national se situait à Mons. L’équipe du SC Fivois y jouait ses matches à domicile. On peut s’étonner que le terrain de l’équipe de Fives se trouver à Mons ! L’équipe de football, qui rencontrait un grand succès populaire, était à l’étroit dans son vieux stade du début des années 1900. La municipalité, en froid avec ses sportifs, était fort peu empressée de lui fournir un nouvel équipement. C’est alors qu’Albert Virnot, négociant à Mons-en-Barœul, fit cadeau d’une vaste pâture de son patrimoine, à la limite de Fives. De nouvelles rues furent créées pour servir le nouvel équipement (avenues Virnot et Cécile). 

Le stade fut appelé sobrement Stade Virnot. Si le stade et l’avenue n’eurent pas le droit au prénom du généreux donateur et si Cécile, sa fille, fut privée de son nom de famille, c’est que ce terrain faisait partie du patrimoine de son épouse et que l’idée passait mal dans la belle-famille. En 1932, on modernise l’endroit et le rebaptise Jules-Lemaire (nom d’un dirigeant décédé du SC Fivois). En 1944, le club fusionnera avec l’Olympique Lillois pour former le LOSC. Les matches à domicile se disputaient alternativement à Jules-Lemaître et Grimonprez-Jooris. Une tribune s’étant effondrée à Grimonprez, c’est dans l’enceinte monsoise que le LOSC réalisera son doublé coupe-championnat en 1946.



Ci-dessous une série d'articles d'Alain Cadet publiés dans la Voix du Nord en février 2021


Mons-en-Barœul, naissance d’une ville nouvelle 



Le quartier des Sarts date des années 1950. En arrière-plan, les Tours de l’Europe, construites dans les années 1960.

 

Au début des années 1950, la commune de Mons-en-Barœul est un bourg rural de 9 000 habitants. En 1975 sa population a triplé. Elle compte désormais 28 000 habitants. 


Premier volet de son histoire.


Après la Seconde Guerre mondiale, la France doit faire face à une profonde crise du logement. La métropole lilloise est l’illustration parfaite de cette situation. La commune de Mons-en-Barœul dispose d’une zone d’une centaine d’hectares, à trois kilomètres de Lille. La « Plaine de Mons » est un lieu très convoité. Les terres à vocation agricole sont soumises à la pression immobilière. D’innombrables demandes de permis de construire s’accumulent en mairie. Le conseil municipal voit avec grande inquiétude sa commune se muer en banlieue. Le maire de l’époque Alphonse Gayet, malade, confie le dossier de la construction à son premier adjoint, Félix Peltier.


Pour coordonner ce projet, le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme nomme Henri Chomette, architecte à Paris. « Quand le maire de Mons-en-Barœul demande l’aide du Ministère, sa commune est encore rurale. Il fallait faire face à la demande et construire, à l’instar d’Alphonse Allais, la ville à la campagne », racontait plus tard l’impétrant désigné par l’État. Le « Plan de masse » est fourni le 14 janvier 1953. Le 1er septembre 1953, on débute les travaux. Cette première tranche de construction, qui préfigure cette ville nouvelle, correspond à un « foncier » déjà acquis par la mairie… ou qui pourrait l’être sans grande difficulté. Il s’agit d’une zone délimitée par la rue Jean-Jacques-Rousseau, à l’est, allant jusqu’aux limites de Lille, vers l’ouest, et bordée, au nord, par les avenues Zola et Acacias. Enfin, au sud, le quadrilatère est fermé par le boulevard du Général-Leclerc.


Une première tranche pour 3 000 habitants


La première tranche prévoit la construction de 624 logements – dont 500 maisons individuelles – destinés à 3 000 habitants. Si ce programme comporte quelques bâtiments collectifs, il est surtout orienté vers la construction de maisons particulières. « Avec le bon sens du conseil municipal, nous avions décidé une proportion de 75 % de logements individuels », racontera plus tard l’architecte. « On a commencé, en 1954, par le quartier des Sarts », poursuit Henri Chomette. « Mons-en-Barœul a engagé son développement avec les simples moyens d’une petite commune et d’un architecte. »


La première tranche de ce programme sera inaugurée le 30 juin 1954. Les travaux se poursuivront jusqu’au début des années 1960 où les derniers immeubles vont rejoindre les premières constructions prévues par un nouveau projet, celui de la ZUP (zone à urbaniser en priorité). 

A. C. ( CLP)



Mons-en-Barœul, naissance d’une ville nouvelle, épisode 2 : les années 60  



Les débuts de la ZUP dans les années 1960. La hauteur des bâtiments a été augmentée au beau milieu du programme de construction.


Au début des années 1950, Mons-en-Barœul est un bourg rural de 9 000 habitants. En 1975, sa population a triplé. Elle compte désormais 28 000 habitants. Cette évolution démographique s’est accompagnée   de la transformation du paysage qui de campagne, s’est mutée en ville… Suite de notre série. 

 

Le second programme de la ville nouvelle des années 1960 voit la mise en place d’une ZUP (Zone à urbaniser en priorité). Elle s’inscrit dans les nouvelles orientations politiques du ministère de la Reconstruction. Henri Chomette imagine un nouveau plan : il divise la « Plaine de Mons » en quatre parties au moyen de deux axes perpendiculaires structurants : les avenues Robert-Schuman et Marc-Sangnier. Ainsi, leur intersection indiquera la place du « Nouveau centre » où seront implantés l’hôtel de ville et, plus récemment, prolongeant les idées de l’architecte, la place de l’Europe, une agora qui jouxte la nouvelle salle de spectacle Salvador-Allende.


À la périphérie on projette de construire des immeubles relativement bas comme Barry ou Rhin-Danube, tandis que l’hypercentre sera beaucoup plus vertical. L’immeuble de référence du nouveau centre est la résidence de l’Europe, avec ses quatre tours hautes de 71 mètres. D’autres immeubles de très grande hauteur seront construits : les tours jumelles, Vauban, Lamartine et plus tard, les tours America (nous reviendrons plus tard sur cette partie du programme).


Une " allergie au béton " au début des années 70


Sous la pression de la demande, on rajoute des étages non prévus, on construit des immeubles supplémentaires. Au beau milieu du programme, on augmente la hauteur des bâtiments de 33 %. Le programme prévoyait 5 600 logements destinés à accueillir 20 000 nouveaux habitants. Cet objectif sera quasiment atteint en 1976, avec environ 28 000 habitants.


Cet ancien bout de campagne est désormais devenu une ville extraordinairement dense. Le projet d’origine qui prévoyait 75 % de logements individuels et 25 % de logements collectifs est devenu une réalité urbaine comportant 20 % de logements individuels et 80 % de logements collectifs.


À la fin des années 1960, considérant qu’il est légitime que les locataires ou les propriétaires consacrent à leur logement une partie plus importante de leur budget, le ministère de l’Équipement se désengage progressivement du financement de ces programmes. Il publie même en 1973 une circulaire qui vise à les interdire. La ZUP n’a plus la cote.


Le comité « Halte au béton » (1975 – 1976) qui réunit essentiellement des habitants de la ville nouvelle, se mobilise. L’arrivée d’une nouvelle municipalité, conduite par Marc Wolf (1977), hostile à de nouvelles constructions, marque le point d’arrêt définitif au développement de la ville nouvelle.

A. C. (CLP)