Zup de Mons


La création de la Zup, (zone à urbaniser en priorité) de Mons-en-Barœul, a été décidé dans la foulée de la construction du quartier des Sarts. C'est le 27 novembre 1959 qu'est prise la décision qui sera entérinée par un arrêté ministériel du 15 avril 1960. Le contexte est celui de crise du logement qui sévissait alors atteignant son point culminant.


Au centre de la photo : Pipe à la bouche, André Pézard, adjoint au maire Francis Peltier, devant la maquette de la future Zup de Mons-en-Barœul.


Présentation de la maquette de la Résidence Europe

Ce programme de grande ampleur qui sera la grande affaire des deux décennies va changer radicalement la nature et le visage de la Mons-en-Barœul.

On a pris vite l’habitude de le désigner sous le nom de Zup (Zone à urbaniser en priorité), un nom qui va « coller » à l’histoire de la commune. Selon l’un des maires de cette époque, Raymond Verrue, qui suivait en cela son prédécesseur Félix Peltier, « Il faut empêcher l’urbanisation désordonnée. Seuls la maîtrise des sols et un plan d’aménagement permettent d’éviter une exploitation irrationnelle des terrains et de s’opposer aux spéculations foncières ». 

Selon l’architecte Henri Chomette, qui va diriger les travaux : « Une ZUP est urbanisée à échelle humaine, avec des noyaux denses… autour desquels le tissu urbain peut s’organiser, offrant les emplois nécessaires pour ne pas en faire des villes-dortoirs ».

C’est la théorie, vient ensuite la pratique ! 

Le 9 juillet 1963, le plan de masse de Chomette est adopté par le conseil municipal présidé par Félix Peltier. La « plaine de Mons » est divisée en quatre parties au moyen de deux axes perpendiculaires structurants, l'avenue Schuman et l'avenue Sangnier. Leur intersection deviendra le « nouveau centre », où l’on construira le nouvel hôtel de ville. Ce programme ne prévoit pas moins de 5 600 logements destinés à accueillir 20 000 nouveaux habitants. Cet objectif sera quasiment atteint en 1976. La ville va compter la plus grande densité de son histoire (± 10 000 habitants au kilomètre carré) avec presque 30 000 habitants.

Pour réaliser ce programme, les terrains agricoles sont expropriés, les fermes et de nombreuses maisons sont démolies. Mons a des allures de Far-West avec des chantiers qui s’ouvrent chaque jour. Au début, on construit des immeubles relativement bas, de cinq à huit étages comme Barry ou Rhin-Danube. Ils seront bientôt rejoints par un habitat plus vertical comme les Tours Vauban et Lamartine ou les Résidences de l’Europe et America (jusqu’à 19 étages). De nombreux bâtiments publics, écoles, salles des sports, centres sociaux, piscines… viennent compléter ce tissu urbain en construction. 

Au début des années 1970, la constitution du nouveau quartier impacte fortement l’image de la commune. On appelle volontiers ses habitants, venus surtout des quartiers de Lille rénovés, les « Zupiens ». Mons a la réputation d’être avant tout une cité-dortoir. Ces tours et ces blocs, qui ont remplacé les champs, sont mal perçus par les riverains de la vieille ville, tandis que leurs habitants constatent la difficulté croissante d’y vivre au fur et à mesure que naissent de nouveaux immeubles. Une partie de la population des nouveaux quartiers devient, à son tour, hostile à la construction des derniers immeubles et se mobilise. Le comité « Halte à au béton » (1975- 76) qui réunit essentiellement des habitants de la ville nouvelle, devient incontournable. « Il était une fois, dans notre ville, un ogre qui s’appelait béton et qui mangeait les arbres et les plantes », écrit un groupe de jeunes de la MJC. Finalement, sous la pression, les derniers immeubles prévus ne seront jamais construits. L’arrivée d’une nouvelle municipalité, conduite par Marc Wolf (1977), hostile à de nouvelles constructions, marque le point d’arrêt du développement de la Zup.


Sur cette vue aérienne, la Zup sort de terre. Une des quatre tours de l'Europe, celle plus à l'est, est quasiment terminée, alors que débute les travaux de la seconde. Entre les deux des bâtiments plus petits vont s'élever. La mairie et la poste n'existent pas encore, ces deux structures trouveront place devant les résidences Frégate et Caravelle qui sont déjà habitées. On découvre les grands ensembles de l'avenue Marc Sangnier grignotant progressivement les bonnes terres cultivables.