Côte d'Ivoire

C'est essentiellement dans la capitale du pays, à Abidjan, qu'Henri Chomette exerce son talent en Côte d'Ivoire, comme pour les autres pays africains :

- 1956 Hôtel de Ville
- 1964 Ambassade de France
- 1965 Société Générale
- 1965 Nour-Al-Hayar Mall
- 1965 Siège d'Air Afrique
- 1967 Pont Charles de Gaulle
- 1975 Logements à Yopougon et Williamsville
- 1976 Immeuble du département des finances
- 1976 Société ivoirienne de banque

Il réalise également une agence de la Société Générale à Dimbokro, une ville du centre du pays.


Chantiers de construction d'Henri Chomette à Abidjan


Une première réalisation concernera la banque Société Générale d'Abidjan.



Esquisse du projet pour la Société Générale d'Abidjan


La Banque choisit de construire des locaux à Abidjan, à la fois pour répondre aux besoins professionnels mais aussi pour loger son personnel expatrié.


Engagé en 1962, cet important chantier se termine l’année suivante pour le logement du personnel et en 1965 pour l’agence. 



Siège de la Société générale de Côte d’Ivoire inauguré en 1965 à Abidjan (archives des BEHC).



Pour réaliser cet ensemble, la Société Générale a sollicité un jeune architecte : Henri Chomette. Embauché en 1948 par Société Générale, il a œuvré à de nombreuses reconstructions et rénovations d’agences dans la France d’après-guerre. Mais c’est sur le continent africain qu’il va révéler tout son talent. Cette même année, il remporte le prix du Concours de l’Union internationale des architectes avec sa conception du futur palais du roi d’Éthiopie, et fonde dans la foulée son bureau d’étude.



La Coupole
L’agence d’Abidjan dispose grâce à lui et aux équipes intervenantes d’un bâtiment moderne et lumineux. L’aménagement intérieur et le mobilier n’est pas en reste. Une partie du mobilier provient des ateliers du designer Jean Prouvé, comme les portes affiches et les escabeaux de la salle des coffres.



Les fresques murales


Le siège de SGBCI : La perle d'Abidjan
Un article publié sur le site de la Société Générale

Automne 1965. Société Générale de Banques en Côte-d'Ivoire (SGBCI) inaugure son nouveau siège à Abidjan. Une belle réussite architecturale alliant fonctionnalité, art et symbolique.

À la faveur des indépendances, Société Générale entreprend de filialiser ses réseaux africains. Le 23 novembre 1962, elle préside à la création, en partenariat avec les pouvoirs publics ivoiriens et d'autres partenaires financiers, de Société Générale de Banques en Côte-d'Ivoire (SGBCI). Sitôt dotée de ses nouvelles structures, la banque se lance dans un projet immobilier encore inédit dans le quartier d'affaires d'Abidjan.



Elle nourrit l'intention d'édifier un siège qui lui permettrait non seulement de marquer sa présence dans le tissu urbain, mais de renvoyer l'image d'un établissement moderne et prospère. En association avec Air Afrique, elle jette son dévolu sur un terrain de 1 500 mètres carrés disponible en centre-ville, à l'angle de l'avenue Louis Barthe (aujourd'hui Joseph Anoma) et de la rue Colomb, dans le secteur du Plateau. Les travaux durent deux ans et mobilisent jusqu'à trois cents ouvriers appartenant à dix corps de métiers différents. Conçu d'après les plans d'Henri Chomette, ancien architecte du groupe Société Générale et connu pour ses réalisations en Afrique subsaharienne (notamment Éthiopie, Sénégal, Burkina Faso), le bâtiment suscite l'admiration lorsqu'il est inauguré, le 12 novembre 1965, en présence du président Félix Houphouët-Boigny. Salué par la presse locale, il forme l'un des plus beaux ensembles immobiliers jamais construits par le Groupe.


Les architectes Henri Chomette et Antoine Laget avec le président Houphouët-Boigny lors de l'inauguration d'une réalisation du BEHC à Abidjan en Côte d'Ivoire (extrait de la plaquette présentation du bureau d'études, p. 5).

Large de cinquante mètres, l'immeuble allie fonctionnalité, art et symbolique. Avec ses lignes nettes et précises, sa façade extérieure attire naturellement les regards. La décoration intérieure est extrêmement soignée. Les guichets sont disposés en cercle autour d'un grand hall dont les hauts murs sont coiffés d'une magnifique coupole d'une portée de 26 mètres. Ses poutres convergent vers un anneau circulaire en béton armé formant un grand oculus central. De l'intérieur, l'armature en bois qui soutient la coupole fait penser à une flottille de pirogues rassemblées en rosace. Le marbre décore le sol, tandis que les murs sont habillés d'un motif réalisé en relief avec des briques provenant de Dabou. Un escalier en hélice, muni de ferronneries étoilées en forme de feuilles de rosier, développe sa courbe jusqu'à l'étage. La grille de la porte d'entrée, quant à elle, s'inspire des poids Baoulés qui servaient jadis à peser l'or au cours des cérémonies. Sur la balustrade de l'entresol sont reproduites les feuilles du palmier rônier, l'un des emblèmes de la Côte-d'Ivoire. L'aspect fonctionnel du bâtiment n'est pas négligé. La coupole laisse filtrer la lumière naturelle ; des gaines de climatisation assurent un excellent conditionnement de l'air. Bureaux, atelier de mécanographie, imprimerie, cafétéria et parking sont à la disposition du personnel. Un cadre idéal dont peut s'enorgueillir SGBCI, première banque ivoirienne depuis plus de cinquante ans.

D'autres immeubles de la Société Générale à Abidjan






L'ambassade de France à Abidjan

Dans son écrin vert surplombant la lagune, la Résidence, autrefois située à l’extrémité d’Abidjan, se trouve aujourd’hui, du fait du développement urbain, au cœur de la ville.



La Résidence de France à Abidjan en Côte d’Ivoire depuis la lagune en contrebas (archives des BEHC).

La construction de la Résidence entamée sous l’Ambassadeur Léon Brasseur fut inaugurée par l’Ambassadeur Jacques Raphaël-Leygues.



Vue aérienne de la Résidence de France à Abidjan en Côte d’Ivoire (archives des BEHC).

La résidence de France en Côte d’Ivoire à Abidjan prend place sur un promontoire qui surplombe la baie de Cocody, dans le quartier des ambassades. Construite en collaboration avec Antoine Laget à partir de 1962, elle fut inaugurée le 22 septembre 1964. 


D’une surface de 1 735 mètres carrés, l’édifice se compose de quatre ailes qui s’organisent autour d’un patio qui présente un parterre dessiné et une pièce d’eau. Un escalier d’apparat conduit, de la partie basse du terrain, au patio. Le premier niveau abrite les espaces de services, tandis que le second accueille les réceptions couvertes – petite et grande salle à manger, grand salon, bibliothèque – les appartements des hôtes, ainsi que les réceptions de plein air – salle à manger et grand salon. Le dernier niveau, enfin, est réservé à la résidence privée de l’ambassadeur.



Le siège d'Air Afrique



Nour-Al-Hayar Mall


L'hôtel des relais à Abidjan est également une construction du Bureau d'Etudes Henri Chomette.


Le pont Charles de Gaulle d'Abidjan


Ce pont construit sur trois ans, de 1964 à 1967, est bâti en béton préfabriqué et précontraint. Il mesure 11 mètres de largeur pour 592 mètres de longueur. Cinquante ans après sa construction il commençait à donner des signes de vieillesse. Le trottoir réservé aux piétons et contigüe aux garde-fous de sécurité s’affaissait sous les coups de boutoirs des incessantes pluies. L’Etat de Côte d’Ivoire, dans le cadre de la réhabilitation d’importantes infrastructures, avait décidé de profiter de la réhabilitation du plan d’eau lagunaire pour entreprendre des travaux d’envergure sur ce pont de Gaulle. Le trafic routier a du être suspendu sur ce pont pendant cinq mois (de juin à novembre 2015), afin de permettre sa réhabilitation.



Le pont Charles de Gaulle est en haut de la photo ci-dessous


Alpha 2000


Cet immeuble " Alpha 2000 " a été construit avec Lupi

L'Hôtel de Ville d'Abidjan


L’hôtel de ville d’Abidjan fut édifié à partir de 1954 et livré en 1956. Conçu avec la collaboration de l’architecte Antoine Laget, il devint rapidement un édifice symbole, et ce, à plusieurs titres. 


Façade latérale de l’Hôtel de Ville d’Abidjan (archives des BEHC).

Il fut tout d’abord la première grande opération qui changea le paysage urbain d’Abidjan, dont Chomette eut la charge d’élaborer le plan masse. Il fut aussi le premier édifice moderne du Plateau, le quartier qui rassemble la majeure partie des activités administratives et commerciales de la ville. En outre, Félix Houphouët-Boigny déclara sur son parvis l’indépendance de la Côte d’Ivoire en 1960. Le bâtiment abrite aujourd’hui le siège du district d’Abidjan (photo ci-dessous).



Façade principale de l’Hôtel de Ville d’Abidjan (archives des BEHC).


L’hôtel de ville se compose de deux volumes, l’un vertical, l’autre horizontal. Ce dernier abrite, sur deux niveaux reliés par un escalier d’honneur, la salle du conseil, la salle des fêtes, la salle des mariages et le bureau du maire. Séparées par une cloison mobile, la salle des fêtes et la salle des mariages peuvent être réunies et transformées alors en salle de spectacle, une différence de niveau entre les deux espaces permettant de créer une scène. Dans ce cas, hall et salle du conseil peuvent constituer le foyer et le bar.


Vue aérienne de l’Hôtel de Ville d’Abidjan (archives des BEHC).

Le volume vertical, non accessible au public, accueille quant à lui l’administration communale, deux ascenseurs et deux escaliers assurant les circulations verticales. La façade de ce volume s’inscrit dans un rectangle « doré » d’environ trente-six mètres de hauteur, le tracé régulateur général de l’ensemble de l’édifice étant basé sur la section dorée.



L’emploi du béton bouchardé est tempéré par la présence d’un parement de galets et de quartz ocre provenant de la région d’Abidjan. Il est à noter toutefois que l’esthétique de l’édifice évolua. En effet, lors de sa livraison en 1956, afin d’assurer une ventilation naturelle et de réguler l’ensoleillement, les façades comportaient des panneaux de bois pivotants. Dans les années 1970, la climatisation fut installée et les panneaux de bois remplacés par des châssis en aluminium anodisé avec double vitrage et stores à lamelles incorporées.


L’hôtel de ville d’Abidjan, sur le parvis duquel, en 1960, Félix Houphouët-Boigny (1905-1993) annonça l’indépendance de la Côte d’Ivoire, fut représenté sur un timbre-poste (ci-dessous). Le premier président de la Côte d’Ivoire salua d’ailleurs la démarche d’Henri Chomette, soulignant qu’il faisait « partie de ceux qui ont apporté le plus beau don de la civilisation au peuple africain : la conscience de sa dignité ». L’œuvre africaine d’Henri Chomette, et plus particulièrement ses monuments nationaux, représentent aujourd’hui un témoignage architectural de l’Afrique subsaharienne des Trente Glorieuses, un patrimoine qui mériterait considération.


Timbre-poste représentant l’Hôtel de Ville d’Abidjan inauguré en 1956 (archives des BEHC).

La Cité Financière d'Abidjan
Le ministère des finances

La Cité Financière a été réalisée en 1976, avec un portique remarquable qui soutient l'immeuble. Ce complexe emblématique du quartier du Plateau comprend une tour, une barre et un édifice hémisphérique orné à la manière d'une calebasse.




Vue générale de la Cité Financière à Abidjan (archives des BEHC).

Édifiée de 1973 à 1976, la cité financière à Abidjan fut, comme le rappela Henri Chomette, « conçue et réalisée en Côte d’Ivoire » et constitua « un apport de la Côte d’Ivoire à la recherche internationale ». L’édifice permit en effet de regrouper en un même lieu la totalité des services financiers du pays – dont l’ensemble du ministère des Finances – ainsi qu’un centre informatique. Chomette estima que l’architecture y créait « un support efficace pour les méthodes ultra-modernes de gestion que la Côte d’Ivoire a mises en place », les différents services y trouvant leur place « comme les pièces d’un moteur ; chaque fonction peut s’y appuyer sur les transmissions les plus directes ».




Espaces de circulation de la cité financière à Abidjan (archives des BEHC).

La Cité Financière fut conçue selon le nombre d’or, en collaboration avec les architectes Antoine Laget et Jean-Pierre Lupi. D’une surface de 54 600 mètres carrés, elle se compose de trois volumes, deux hauts et un bas. Une tour de vingt-et-un niveaux est en effet reliée par une passerelle à un immeuble de bureaux de douze étages, tandis qu’un volume hémisphérique séparé accueille un auditorium. La forme de celui-ci se démarque de la verticalité des deux autres volumes. Son dôme de béton est recouvert de pâtes de verre colorées qui composent une mosaïque de symboles et de formes géométriques. Les façades des deux volumes hauts sont quant à elles rythmées par une alternance de baies horizontales et de caissons en béton revêtus de grès cérame qui forment une succession de volumes en saillie.





La rotonde à Abidjan



Rotonde de la Cité Financière (photo du jeudi 25 octobre 2018)

La Société Générale de Dimbokro