Henri Chomette, un architecte français de réputation internationale


Henri Chomette est né à St Etienne en 1921. Bachelier en 1938, il obtient le diplôme de l'école des Beaux-Arts de Lyon, où il fut l'élève de Tony Garnier de 1941 à 1945, il poursuivit ses études à l'école des Beaux-Arts de Paris de 1945 à 1946, dans l'atelier Defrasse, sous la houlette d'Othello Zavaroni.

En janvier 1947, il est officiellement engagé et affecté au service des immeubles de la Société Générale, après y avoir effectué son stage de fin d'études suite à une dérogation spéciale. Il participe à la reconstruction de plusieurs agences de cette banque détruites pendant la guerre, notamment à Amiens et Douai.

Son activité d'architecte et d'urbaniste débuta pendant la Reconstruction. Tout d'abord par la réalisation du plan 50 d'urbanisme et de reconstruction de Douai (1949-1956). La conception générale de l'urbanisation de Mons-en-Barœul (1952-1972) et la figure originale de la Résidence de l'Europe constitue en France son œuvre maîtresse. Dans le département du Nord on lui doit aussi le Théâtre populaire de Somain.
Deuxième au concours pour le Palais Impérial d'Éthiopie en 1948, il s'installa en Éthiopie en 1949. Il fonda le Bureau d'Études Henri Chomette (BEHC). Il fut nommé architecte en chef de la ville d'Addis-Abeba, la capitale de l'Ethiopie, de 1953 à 1959.

Ci contre : Henri Chomette présente le projet Névis à la Reine Elisabeth II d'Angleterre en 1966


Il construisit beaucoup en Afrique (Ethiopie, Sénégal, Congo, Bénin ex-Dahomey, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Togo, Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale et Djibouti), mais il est aussi à l'origine de grandes chantiers en France et notamment du quartier des Sarts et de la Zup de Mons-en-Barœul, dans le Nord.

Avec ses racines dans la tradition de l'architecture urbaine classique, cette réalisation est annonciatrice de l'âge des villes nouvelles qui suivit le temps des grands ensembles. Il décédera en 1995 à Grenoble, peu de temps après être revenu dans le Nord, à deux pas de ses créations de Mons-en-Barœul, pour une conférence à l'école d'architecture de Villeneuve d'Ascq.



La Résidence de l'Europe © Jacques Desbarbieux

Une conférence à l'école d'architecture de Villeneuve d'Ascq



Henri Chomette, bâtisseur international, s’est d’abord installé à Addis-Abeba, la capitale de l’Éthiopie, comme architecte en chef de la ville. Il a construit beaucoup de grands bâtiments publics ou privés dans d’autres pays du continent africain. C’est à lui qu’on doit le plan de masse du Nouveau Mons et ses réalisations remarquables, comme la Résidence de l’Europe.

Qu’est-ce qui a poussé cet architecte du Sud à se perdre dans les brumes du Nord et à imaginer la Ville Nouvelle ? Quelques mois avant sa mort, en 1995, il donne une conférence à l’école d’architecture de Villeneuve-d’Ascq. Le texte sera publié, quelque mois plus tard, dans la revue de l’école.


« Quand le maire de Mons-en-Barœul, M. Peltier, demande l’aide du ministère, sa commune est encore rurale. Les Lillois achètent le lait des vaches qui paissent dans les prés. Il voit avec une grande inquiétude sa commune se muter en banlieue. Les terrains se vendent au hasard des besoins d’argent des fermiers. D’innombrables demandes de terrains à bâtir s’accumulent à la mairie. Après quelques mois, le maire me confie l’étude du développement de sa ville. Il fallut faire face à la demande et construire, à l’instar d’Alphonse Allais, la ville à la campagne ».

L’architecte se met au travail tandis que débutent les premières réalisations :
« On a commencé, en 1954, par le quartier des Sarts. Vous y trouverez l’abaissement des hauteurs vers l’individu, les unités de voisinage secondaires, la pluralité sociale. Mons-en-Barœul a engagé son développement avec les simples moyens d’une petite commune et d’un architecte, avec sous ses ordres des petites et moyennes entreprises. Mais les compagnons et les petits entrepreneurs ont été réduits au chômage, par l’industrialisation du bâtiment… ».

Le souci des relations humaines

Puis viennent le plan de masse et l’organisation globale de la ville nouvelle… Il essaie d’y équilibrer les relations humaines.
« Avec le bon sens du conseil municipal, nous avions décidé une proportion de 75 % de logements individuels. Les lieux heureux disposent aussi d’un centre d’attraction magnétique où les hommes se rencontrent. Le projet de la cité de Mons se sculptait en forme d’un cône, dont les bords extrêmes se distinguent par une faible densité. Au contraire, le centre s’élevait en hauteur. Là, serait rassemblé le maximum de population susceptible d’animer le cœur de la ville. Les pôles magnétiques – mairie, espace culturel, église, lieux de travail de service et de détente, commerces – appelaient les habitants des secteurs individuels à rencontrer ceux des collectifs, et réciproquement. L’autre intention était de créer, à Mons, d’importantes surfaces d’emploi et d’activité ».

Dirigisme

La phase de réalisation, conditionnée par les données administratives et économiques, fut pour l’architecte une amère déception.

« Le dirigisme inversa carrément la genèse. L’infinie variété des logements fut ramenée à six types, de F1 à F6. Comme il n’était pas possible d’augmenter le prix des terrains, il fallut augmenter les surfaces de plancher à vendre. En cours de réalisation, la hauteur des immeubles a été augmentée 33 %. La place du marché et bien d’autres espaces libres se comblèrent d’immeubles. La proportion des logements individuels est passée de 75 % à 25 %. Au bout de quelques années, Il a fallu dynamiter et refaire des trous dans l’espace et les volumes que l’économie avait tant gonflés ».

Article d'Alain Cadet, paru dans La Voix du Nord, le 25 août 2013.

La Résidence de France au Bénin



La Résidence de France au Bénin, est un bel exemple de l’architecture des années 60. Elle a été édifiée en 1960, au sein d’un parc floral, l’un des rares espaces verts au cœur de la capitale, offrant une variété d’essences, de fleurs et d’oiseaux sur près de 6 600 m2.




La mosaïque extérieure

Une mosaïque en pâte de verre, de 9.50 m sur 4.50 m, a été réalisée par l’architecte Henri Chomette, à la construction du bâtiment, sur le pignon gauche à l'est de la Résidence.

Elle peut être observée de l’allée est qui mène aux jardins situés à l’arrière de la Résidence, ainsi que des fenêtres de la mezzanine.


Cette pièce originale, largement détériorée, nécessite une rénovation importante qui pourrait être engagée avec l’appui technique de l’Ecole du Patrimoine Africain de Porto Novo. Un appel à sponsors a été lancé pour le financement de la restauration de cette œuvre.